L’histoire coloniale des Bahamas

Stéphane St Onge
4 min readJun 25, 2020

Les premiers habitants de cet archipel arrivèrent du continent sud-américain vers 500 après J.-C. La côte nord-est de l’Amérique du Sud était alors habitée par les Lucayens, peuple de langue Arawakan, qui migra par la suite en direction des Bahamas tels que nous les connaissons aujourd’hui. Selon les historiens, la première migration serait survenue entre 500 et 800 après J.-C., de l’est de Cuba vers l’île de Long Island (au centre des Bahamas).

Considérée comme la première colonisation, les Lukayens se sont répandus à travers les Bahamas de 500 après J.-C. jusqu’à environ 1500 après J.-C., atteignant une population d’environ 40 000 habitants. C’est en 1492 que Christophe Colomb quittait l’Espagne pour son premier voyage à la recherche d’une route directe vers l’Asie. En route, le 12 octobre 1492, il atteint une île des Bahamas et la revendique alors au nom de l’Espagne. Cette île était appelée Guanahani par les Lucayens. Lorsque les Européens arrivèrent en premier aux Bahamas, cette île était riche en végétation naturelle et en forêts denses, lesquelles furent malheureusement détruites par les plantations de canne à sucre. Les forêts n’allaient plus repousser par la suite.

Les Bahamas constituèrent une source de main-d’œuvre esclave pour les Espagnols au cours des années 1500. En conséquence, la totalité de la population des Lucayens fut transportée vers d’autres îles afin d’y travailler. Après cet évènement historique, l’ile se dépeupla et fut abandonnée pendant plus de 150 ans après l’année 1520. Les Espagnols désertèrent les Bahamas en y conservant toutefois des droits de propriété, et ce jusqu’à la signature du traité de Paris en 1783, suite à laquelle ils cédaient les îles à la Grande-Bretagne en échange de la Floride orientale.

Les derniers colons des Bermudes se sont installés à New Providence, qui est rapidement devenue le centre de population et de commerce avec un peu plus de 500 personnes vivant sur les îles. Les premiers colons continuèrent à vivre tel qu’ils le faisaient aux Bermudes : la pêche, la chasse aux tortues, aux baleines et aux phoques, la récolte de l’ambre gris, la production de sel sur les îles les plus sèches, la coupe du bois, en abondance sur les îles, pour les charpentes, le bois de teinture, l’écorce médicinale et la restauration d’épaves.

Une histoire entachée de conflits existe également entre les fossoyeurs d’Espagne et des Bahamas au sujet de la récupération des épaves et de leurs précieux vestiges. Les Bahamiens engagèrent alors des corsaires (navires de guerre privés) contre l’Espagne. Après tous les conflits sur la côte et à l’intérieur des terres, les Espagnols brulèrent la colonie de New Providence en 1684, qui était ensuite à nouveau abandonnée. Plus tard, les colons jamaïcains reconstruirent la Nouvelle Providence en 1686.

En 1690, des corsaires anglais tentèrent de s’implanter aux Bahamas en soudoyant le gouverneur Nicholas Trott avec de l’or, de l’argent, de la poudre à canon ainsi que des défenses d’éléphant. En raison de l’occupation continue par les corsaires anglais, français et espagnols, l’île fut surnommée “la république des corsaires” pendant près d’une décennie, et portait d’autant bien son nom qu’il était alors connu que ses habitants servaient d’intermédiaires aux pirates.

C’est en 1713 que les Britanniques, Woodes Rogers et ses amis formèrent une société pour s’attaquer au nid de pirates aux Bahamas. En conséquence, le roi George Ier (alors Prince de Grande-Bretagne), gracia tous ceux qui étaient prêts à abandonner et à se retirer de la piraterie. L’entreprise fut couronnée de succès et en 1723, la terre était débarrassée des pirates.

En 1782, pendant la guerre américaine, les Bahamas furent reconquis par les Espagnols, après quoi la population des Bahamas tripla en très peu de temps. Les Américains et les Européens développèrent la culture du coton comme produit de base dans les îles en tant que source de revenus, mais cette culture a ensuite décliné en raison des parasites et de l’érosion des sols. C’est à cette époque que les colons firent venir des esclaves africains pour travailler. Plus tard, entre 1823 et 1834, en raison des développements politiques dans la région, les esclaves continuèrent à trouver la liberté aux Bahamas et choisirent de travailler leurs propres petites parcelles de terre.

À la fin de l’ère coloniale (vers 1911), une tentative d’annexion des Bahamas par le Canada fut initiée mais échoua en raison de l’opposition du gouvernement britannique.

Après la seconde guerre mondiale, Nassau, La Havane et Grand Bahama devinrent le centre de la croissance et du tourisme de masse. En 1961, Grand Bahamas était créée comme zone de libre-échange, entraînant une croissance rapide du secteur financier pendant les années d’après-guerre.

Le développement politique et démocratique progressa et les Bahamas obtinrent un gouvernement indépendant en 1964. Roland Symonette fut le premier Premier ministre, celui actuel étant Hubert Alexander Minnis. L’archipel a connu de nombreuses colonisations et implantations, mais a ensuite prospéré et rejoint la sphère politique dominante après des batailles acharnées. Aujourd’hui, les Bahamas sont une plaque tournante à la fois pour les investissements financiers, mais également dans l’agriculture et la mariculture. Les Bahamas sont devenues un État souverain en 1973 et leur chef d’État est, depuis lors, la reine Elizabeth II.

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